Le confinement est la seule bonne solution pour éviter la propagation et la conta-mination au coronavirus. C’est scientifiquement prouvé. Mais, il est également scientifiquement prouvé que cet état d’isolement a des conséquences sur l’état psychologique des individus en général et les enfants en particulier. Dès à présent, beaucoup de parents, en plus de leur état propre, pensent déjà à ces répercussions sur le mental de leurs enfants. Nombreux sont ceux qui se posent des questions sur les meilleurs moyens d’éviter ce stress et surtout les démarches à suivre après le «déconfinement». Les questions sont nombreuses sur les meilleures voies ainsi que les meilleurs moyens de soigner les diverses séquelles du confinement sur les enfants. Pour le moment, les réponses ne sont pas encore abondantes, mais il faut y penser dès à présent. Les parents auront des efforts à dispenser pour faire retrouver à leurs enfants, un comportement normal ou simplement les réadapter à la vie de tous les jours. Dans cette optique, justement, L’Expression apporte sa contribution à ce travail médico-pédagogique qui attend les familles algériennes après la fin des mesures de confinement. Pour répondre à ces interrogations, nous avons sollicité un spécialiste en la matière. Yacine Adaoun, psychologue clinicien qui a apporté des réponses concrètes et simples qui pourraient aider les parents durant et après le déconfinement.
L’Expression: L’on s’accorde à dire que le confinement aura des conséquences psychologiques sur les gens, surtout sur les enfants. Quel est votre avis en tant que psychologue?
Yacine Adaoun: Certes, le confinement établi contre la pandémie de coronavirus a des effets négatifs sur l’état psychologique des individus en général, sur les enfants en particulier, étant donné que l’isolement et le confinement sont une situation
désagréable. C’est indéniable et de nombreuses études l’ont prouvé scientifiquement: l’isolement et la mise en quarantaine ont des effets néfastes sur notre psychisme. Des contacts sociaux limités, voire absents lorsque l’enfant se retrouve seul chez soi, entraînent des conséquences somatiques et psychologiques bien réelles: repli sur soi, humeur dépressive, anxiété…Par ailleurs, l’interdit et la privation de liberté pour les enfants les confronte directement à leurs sentiments d’impuissance, à leurs peurs et à leurs besoins.
«L’être humain est génétiquement sociable», donc obliger les enfants à rester à la maison pendant des semaines n’est pas naturel pour eux. Chaque enfant a des besoins fondamentaux de se sentir libre, de sortir pour aller à l’école, au parc, jouer avec des amis, faire de nouvelles connaissances…Etc.
Pouvez-vous mesurer la gravité de ces conséquences sur les enfants?
L’ampleur de l’impact de la quarantaine varie d’un enfant à un autre, et cela est dû à de nombreux facteurs biopsychosociaux, les différences individuelles, mais la gravité des effets peut être:
– sévère, elle peut être caractérisée par des signes et symptômes qui causent à l’enfant lui-même des souffrances telles que perçues par la famille,
– modérée, certains signes et symptômes sont moins graves en termes de récurrence.
– légère, certains symptômes sont possibles tout en s’adaptant à un changement dans la routine quotidienne.
Pouvez-vous nous citer justement ces conséquences?
Les conséquences de la quarantaine chez un enfant peuvent apparaître à quatre niveaux, à savoir sur le plan comportemental, cognitif, émotionnel, psychosomatique qui se traduisent par:
– des troubles du sommeil, des réveils et des cauchemars,- des troubles de l’appétit, manque d’appétit ou besoin de ne plus manger,
– des colères plus fréquentes, les disputes, des oppositions, une instabilité de l’humeur,- un retrait dans ses pensées ou dans la même activité jour après jour,- un refus du travail scolaire ou des contraintes y compris des mesures barrières,- de la tristesse, les pleurs injustifiés, la demande excessive de câlins, de contacts,- anxiété, stress, agitation, addictions, déprime…etc.
Est-il possible, selon vous, de les éviter ou d’en atténuer l’impact?
Bien sûr, ces effets peuvent être évités en faisant de nombreuses activités qui réduisent le stress psychologique, en apprenant aux enfants à se détendre, à méditer, la pratique du dessin libre, la pratique du yoga, l’adoption d’une alimentation équilibrée, le maintien du sommeil la nuit et l’établissement de la sécurité dans la famille.
Se détendre et relaxer avec son enfant. Écouter de la musique douce ensemble et invitez votre enfant à visualiser des situations relaxantes, comme s’imaginer flotter sur un nuage. De cette manière, il apprend qu’il est facile de se retrouver dans un endroit magique sans quitter sa maison. Vous pouvez aussi vous étendre côte à côte dans l’herbe et observer le ciel en décrivant la forme des nuages.
Faites un massage à votre enfant. Ce contact tendre renforce l’attachement et facilite la relaxation. Par exemple, vous pouvez masser doucement la nuque, le front, les tempes ou les pieds de votre tout-petit.
Prévoyez des activités physiques tous les jours, comme de la marche, des jeux simples qui font bouger (ex.: le jeu «Jean dit») ou une séance de danse. Bouger vous permet, à vous et à votre enfant, de libérer les tensions accumulées tout au long de la journée. Bouger de 5 à 10 minutes avec votre enfant lors du retour à la maison peut être très bénéfique pour évacuer le stress de la journée. Être actif physiquement renforce aussi les habiletés motrices de votre enfant et l’aide à être en bonne santé et à bien dormir.
Quelques activités à faire avec les enfants: peindre, dessiner et colorier, lire, écouter de la musique, écrire une lettre, jouer à un jeu de construction, commencer un journal intime, faire un journal d’activités, se déguiser, fabriquer son jeu de société…Etc.
Il est également possible de contacter des professionnels de la santé mentale (psychologues, psychiatres) pour se renseigner et faire des séances psychologiques par téléphone (téléconsultations) sachant qu’une intervention psychologique précoce porte ses fruits.
Par La rédaction de Tiwizi info
Je trouve cet article très intéressant.
Le confinement est une période très difficile mais qui peut aussi permettre à
l’enfant de retrouver son imaginaire effectivement, le plaisir de jouer et de partager avec des parents aimants.
Cela étant, cette situation peut aussi être un traumatisme important et une perte de repère tant pour l’adulte que pour les enfants d’ailleurs. A Paris, où je vis nous avons commencé depuis 2 semaines. Nous constatons que les enfants ont souffert de ne pas être avec leurs pairs et que ceux qui s’en sortent le mieux sont ceux dont les parents ont participé avec l’enfant dans une atmosphère de calme, d’amour et de grande tendresse.
Merci pour cet article très intéressant
En tant qu ‘enseignante vivant à Paris j’ ai
pu constater qu’effectivement les enfants ont été traumatisés par cette période de confinement. Ceux qui s’en sortent le mieux sont ceux qui ont pu à la fois beneficier d’un entourage de tendresse, d’amour, et d’imaginaire et jeux partagés. Les conseils donnés ici me paraissent très utiles.